La non-dualité quantique

Depuis la nuit des temps l’Homme se questionne sur la nature des choses qui constituent l’univers. Déjà dans l’antiquité, deux idées s’opposaient. D’un coté, Platon et son école décrivait la matière comme composée d’éléments primaires – l’eau, l’air, le feu et la terre – s’assemblant entre eux pour former toute chose. De l’autre, Epicure et ses disciples certifiaient qu’il n’en était rien, que la matière était constituée à partir d’éléments que l’on ne pouvaient réduire plus : les atomes. Mais, aucun des deux n’avaient d’autres arguments que leur conviction profonde pour l’affirmer. Cette opposition d’idées marque le début de la dualité.

Regardez autour de vous, cette dualité est présente à chaque instant. Alors que vous souhaitez vous déplacer d’un point à un autre, vous vous dirigez vers lui continument. Vous ne sautez pas d’un point à un autre, ni dans l’espace, ni dans le temps. Vous pouvez toujours décomposer votre mouvement en mouvements plus petits : votre mouvement est continu ou si vous préférez progressif. Il en va de même de vos pensées. Vous suivez le cours de vos pensées et elles s’enchainent faisant un lien entre ce qui a été et ce qui sera. En physique, cette vision est représentée par des concepts continus, celui de dynamique pour le mouvement de la matière et celui d’onde qui traduit la propagation dans l’espace d’une déformation, d’un changement. Mais dans le même temps, vous expérimentez sur votre chemin que chaque pas est unique, aucun ne ressemble au précédent. Chaque pensée est unique, surgit puis disparaît. Il y a des discontinuités présentent partout et l’on peut aisément imaginer qu’elles sont présentes jusqu’au tréfonds de chaque chose.

L’idée d’un monde continu a prédominé l’histoire de la physique jusqu’aux temps modernes. Les scientifiques expliquaient ainsi les mouvements observés autour de nous, le mouvement des planètes ou celui de la pomme qui tombe de l’arbre, les vagues à la surface de l’eau ou la description de la lumière. Mais, au début du siècle dernier les physiciens découvrirent que la lumière, celle-là même qui nous provient des étoiles qui scintillent dans le ciel nocturne, n’était pas un phénomène simplement continu comme nos yeux semblent le percevoir, mais se présente aussi sous forme de petits grains d’énergie : les quanta. Ors, comme la matière absorbe et émet cette lumière pour se transformer, elle est nécessairement elle-même quantifiée, et donc discontinue.

Toute la matière, tout l’univers, serait donc constituée d’énergie quantifiée ce qui est décrit par la physique quantique. Mais, cette description ne s’arrête pas là. Elle ne va pas infirmer les précédentes lois mais les compléter en introduisant des ponts entre ces concepts qui semblent totalement opposés.  Pour les physiciens quantiques, la matière peut être considérée aussi bien sous son aspect corpusculaire qu’ondulatoire. C’est ce qui est nommé la dualité onde-corpuscule. Cette dénomination est impropre car loin de séparer la matière entre onde et corpuscule, la physique quantique les rassemble en une seule entité. Pour la première fois, le principe de non-dualité cher aux spiritualités orientales se retrouve au cœur de notre description de l’univers.

Allongé sur une plage déserte une nuit d’été, je regarde le ciel. J’observe ces myriades d’étoiles qui scintillent au-dessus de ma tête. Et, j’ai alors la sensation de n’être qu’un grain de sable dans l’Univers. J’ai cette sensation d’être unique, une entité séparée de ce qui m’entoure, un grain de sable, et en même temps, de faire partie d’un tout, relié à chaque partie de l’univers que j’observe. Comment ces deux choses peuvent-elles cohabiter ? C’est possible si la nature dont je fais partie, est composée partout des mêmes éléments, des mêmes quanta, et que ces éléments sont reliés entre eux par les mêmes interactions, elles-mêmes quantifiées.

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